pas vu ce passage ? et s’il l’a vu, comment n’a-t-il pas été empêché par là de nous donner un roman pour de l’histoire ?
L’un des précédents biographes de Lope, et dont je louerai d’autant plus volontiers l’exactitude consciencieuse et l’excellent jugement, qu’il a traduit avec un véritable talent plusieurs comédies de Lope, M. Labeaumelle[1], parlant de l’expédition de Lope en Portugal, la place à la date de 1585, c’est-à-dire à une époque où Lope, né en 1562, avait environ vingt-trois ans. Ce fait est, selon nous, de plusieurs années antérieur.
« Dès ma tendre jeunesse (en tiernos años), dit Lope quelque part, je quittai ma famille et ma patrie, et j’endurai les fatigues de la guerre ; je traversai les mers ; je passai dans les royaumes étrangers, où je servis avec l’épée avant de peindre avec la plume les aventures d’amour[2]. » Il nous semble que si Lope avait eu alors vingt-trois ans, il n’aurait point dit qu’il était dans sa tendre jeunesse, en tiernos años.
Mais voici une preuve décisive. Dans le Huerto deshecho, Lope s’exprime ainsi : « Et ma fortune ne changea pas même alors que, au troisième lustre de ma jeunesse, je vis, l’épée à la main, le brave Portugais dans l’île de Terceire, etc., etc.
Ni mi fortuna muda
Ver en tres lustres de mi edad primera
Con la espada desnuda
Al bravo Portuguès en la Tercera, etc., etc.
Après ce passage il n’y a plus de doute possible : lors de l’expédition de Portugal, Lope était âgé de quinze ans.
Tous les biographes de Lope le font marier étant chez le duc d’Albe. Nous, nous avons supposé qu’à cette époque il était depuis quelque temps retourné chez l’évêque d’Avila.