Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 2.djvu/100

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mique, l’autre au sérieux. Tout cela me semble d’une grande beauté. Et quand on pense qu’un pareil ouvrage a dû être composé dans l’espace de huit à dix jours !

Quelque critique chagrin dira peut-être qu’après la mort du commandeur la pièce est finie, et que ce qui suit fait une double action. Je ne saurais partager cet avis. Le commandeur est le héros de la pièce, mais ce n’est pas à lui que Lope a voulu nous intéresser ; c’est à Fontovéjune, et, selon nous, la pièce serait manquée si le poëte nous laissait ignorer quelles ont été pour la ville les conséquences de son insurrection. C’est ainsi que dans Jules César, Shakspeare, après la mort de son héros, consacre deux actes entiers à Cassius et à Brutus. C’est ainsi que dans Horace, après que le jeune vainqueur a tué Camille, Corneille a consacré la fin du quatrième acte et tout le cinquième à nous apprendre ce que devient son héros. Ajoutons maintenant pour la vérité, et à part ce qu’on pourrait appeler nos sympathies de traducteur, que dans Jules César et dans Horace, après les événements dont nous parlons l’intérêt s’affaiblit visiblement, tandis que dans Fontovéjune il va toujours croissant jusqu’à la fin.

Un autre mérite de Fontovéjune, c’est d’avoir avec le Meilleur alcade inspiré l’une des plus belles pièces de Calderon, l’Alcade de Zalaméa. On retrouve épars dans ces deux comédies tous les éléments constitutifs de la pièce de Calderon ; et l’on ne sait cette fois ce qu’il faut admirer le plus ou des ouvrages originaux ou de l’imitation.

Fontovéjune est citée dans le catalogue du Peregrino.