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trine d’un capitaine dont l’épée fait trembler Grenade[1] ! C’est la fin du monde, Florez.

Florez.

L’amour brave tout ; et ma foi ! vous devriez vous féliciter de ce que vous êtes encore vivant.

Le Commandeur.

Je me contiens, mes amis ; sans cela, en moins de deux heures je passerais tout ce village au fil de l’épée. Mais j’attends une occasion, et jusque-là ma raison retient ma vengeance. — Parlons un peu de Pascale. Que dit-elle ?

Florez.

Elle répond qu’elle est à la veille de se marier.

Le Commandeur.

J’entends, elle demande du terme.

Florez.

Elle promet de payer à échéance.

Le Commandeur.

Et quelle nouvelle d’Olalla ?

Ortuño.

La plus charmante réponse.

Le Commandeur.

Elle a de l’esprit. — Mais enfin ?

Ortuño.

Que son futur, jaloux de mes allées et venues et des visites que vous lui faisiez, ne lui laisse pas un moment de repos. Mais que s’il lui donne quelque relâche, il ne tiendra qu’à vous d’en profiter.

Le Commandeur.

Foi de chevalier, à merveille ! Mais il la garde donc bien, ce vilain ?

Ortuño.

Il est toujours là, ou il arrive toujours à point nommé, comme s’il se transportait par les airs.

Le Commandeur.

Et Inès ?

Florez.

Laquelle ?

Le Commandeur.

Celle d’Antonio.

Florez.

Elle est à votre disposition avec toutes ses grâces. Je lui ai parlé par la cour de sa maison, et c’est par là que vous entrerez quand il vous plaira.

Le Commandeur.

J’aime que les femmes soient faciles, et je n’aime pas celles qui

  1. Le texte dit : « Fait trembler Grenade et Cordoue. » Cordoue était alors au pouvoir des chrétiens.