Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 2.djvu/169

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Nicèle.

Mon ami, je vais tout disposer afin que tu puisses reposer un instant.

Putiphar.

Le repos, le bonheur pour moi, c’est près de toi. (Nicèle sort. Aux soldats.) Vous autres, allez renfermer ces bannières, et faites la garde habituelle.

Les soldats sortent.


Entrent JOSEPH et TEBANO.
Tebano.

C’était superbe à voir. — Je regrette que tu ne l’aies point vu. — Qu’attends-tu ? approche.

Joseph.

Mon seigneur, je me mets à tes pieds.

Putiphar.

Joseph ! mon cher Joseph !

Joseph.

Tes bontés resserrent encore la chaîne qui lie ton esclave.

Putiphar.

Lève-toi, mon Joseph, lève-toi.

Joseph.

Et toi, puisse le ciel t’élever si haut[1] que tu sois envié de tous ceux que le monde envie !

Putiphar.

Mon cher Joseph, je n’ai point de serviteur pour qui j’aie autant d’estime. Tu es juste et saint, et il me semble que Dieu est avec toi. Depuis que tu es entré en ma maison, le bonheur t’y a suivi ; ma fortune augmente sans cesse, et sans cesse avec elle ma reconnaissance. De même que tu gouvernes mes serviteurs, je voudrais que tu pusses gouverner mes officiers et mes soldats.

Joseph.

À tant de bontés je ne puis répondre que par le silence, et je baise sur le sol l’empreinte de tes pas. Je suis mille fois ton esclave.


Entre SERVIO.
Servio.

Seigneur, le roi t’envoie chercher.

Putiphar.

Je n’ai pas encore pris un moment de repos, je n’ai pas eu le temps de quitter mes armes, et déjà le roi m’envoie chercher !

Joseph.

Fais, mon seigneur, selon le plaisir du roi ; car celui qui sert avec dévouement en est récompensé.

Putiphar, à Servio.

Réponds que j’y vais. (Servio sort.) Adieu, Joseph. Pendant mon absence, commande ici comme moi-même.

  1. Levanta, levanta ! — El cielo
    Te levante
    , etc., etc.