cœur, et je ne saurais te parler tranquillement. Mon bonheur est au comble.
As-tu donc obtenu quelque faveur signalée ? un billet ? un ruban ? un baiser ? l’entrée de la maison ?
Rien de tout cela. Il ne s’agit pas d’une affaire d’amour.
Qu’est-ce donc ?
Par une erreur singulière, un domestique de l’infant m’a mandé chez son altesse. Il m’a pris pour un autre cavalier du même nom, un certain don Félix qui s’occupe à élever des chevaux. J’y vais. Explication. Je dis à l’infant que je ne possédais d’autre bien que toi… et ma bonne fortune a voulu que le prince me prît dès aujourd’hui à son service et se chargeât de ton établissement. — Je vais, ma sœur, me distraire un peu parmi les fêtes de cette nuit. Mais je n’ai pas voulu y aller sans te voir, sans te conter ce qui nous arrivait d’heureux. Nous pouvons nous adresser de mutuelles félicitations. Adieu ; je vais dire un mot à quelqu’un, et je reviens. Ne te couche pas encore. J’ai à causer avec toi.
Quelle bizarre aventure ! (Haut.) Eh bien ! don Juan, reparaissez.
Oui ! mais c’est pour disparaître à jamais, puisque le prince est votre amant.
Le prince !… Quelle folie !
Ne vous a-t-il pas parlé ?
Je n’ai rien compris à ce que m’a dit mon frère.
Ah ! Dorothée ! Ingrate !… que vous répondez mal à mon amour !… Que se passe-t-il donc ?
C’est fort aimable à vous !… Parce que vous avez de l’ennui, vous m’accusez.
Seigneur, entendez-vous la musique ?
Ah ! prince, tu viens provoquer ma jalousie !
Madame, c’est une sérénade.