Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 2.djvu/258

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Léonel.

Il aura sans doute eu peur. — Mais vous, comment cela s’est-il passé avec Marcèle ?

Don Juan.

Je lui ai donné tous les bijoux.

Léonel.

Tous ?

Don Juan.

Tous.

Léonel.

Et elle les a pris ?

Don Juan.

Sans scrupule.

Don Félix.

Ces hommes paraissent ne pas vouloir être vus. Soyons discret… entrons…

Il entre.
Don Juan.

Un moment, Léonel ?

Léonel.

Qu’avez-vous ? D’où vient ce trouble ?

Don Juan.

N’as-tu pas vu cet homme entrer chez Marcèle ? — Quelle duplicité ?

Léonel.

Mais si c’est le maître de la maison, cela est fort naturel.

Don Juan.

Je commence à regretter de lui avoir donné les bijoux. Malédiction sur la coquette qui…

Léonel.

Arrêtez !

Chacon, accourant.

Qu’est-ce donc ? Avons-nous une querelle ?

Don Juan.

Non ! mais j’ai eu la faiblesse de donner les bijoux à la dame de ce logis… et à peine venais-je de les donner, qu’il est entré un homme chez elle.

Chacon.

Vous avait-elle promis qu’il n’entrerait pas ?

Don Juan.

Pour cela, non.

Chacon.

Alors il n’y a rien à dire[1].

  1. Il y a ici une grâce intraduisible. Elle porte sur les mots platero (orfévre) et plato (plat). Chacon dit : « Il est bien juste que ce monsieur entre le premier, s’il est leplatero. — Que veux-tu dire ? lui demande son maître. — C’est que, voyez-vous, les dames appellent le platero celui qui fournit le plat.