Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 2.djvu/28

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Fabio.

Fort bien ! mais n’oubliez pas qu’en entrant à l’hôtellerie, il faudra que nous dînions tous trois ensemble ; car il n’y a pas de seigneur là où l’on ferme la porte au nez des pages.

Dinarda.

C’est bien dit.

Bernardo.

Eh bien ! tirons au sort. Voici trois réaux.

Fabio.

Sont-ils d’Espagne ?

Bernardo.

Oui.

Dinarda.

À quoi bon l’observation ?

Fabio.

Vous allez voir. Mettez-les dans un chapeau. L’un est un réal de Castille, l’autre de Valence, et le troisième de Navarre. Celui de nous qui tirera le réal castillan, celui-là sera le roi.

Bernardo.

Je commence. (Il tire un réal). J’ai mis la main sur celui de Valence.

Dinarda.

Vous avez perdu.

Fabio.

Perdu.

Bernardo.

J’en étais sûr. À l’un de vous.

Fabio.

À moi. (Il tire du chapeau un réal). J’ai perdu aussi ! C’est le réal de Navarre.

Dinarda.

Alors celui qui reste est pour moi ; et comme c’est le réal de Castille, me voilà votre maître.

Fabio.

Vous avez gagné le prix.

Bernardo.

Soyez notre seigneur, à la bonne heure.

Fabio.

Je ne me plains pas du sort ; je n’aurais pas eu plus de plaisir si c’eût été moi qu’il eût favorisé.

Bernardo.

Ni moi non plus. Soyez notre maître à tous les deux durant de longues et heureuses années.

Dinarda.

Et vive Dieu ! ce sera pour vous servir.