Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 2.djvu/282

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Le grand Maître.

Jamais on n’a vu un galant de cette force.

Le Roi.

C’est un autre don Galaor.

Le grand Maître.

Dire que l’occasion était superbe ; qu’il n’a trouvé à la porte ni géant, ni dragon ; qu’il n’y avait dans la maison ni père, ni frère, ni mari, ni écuyer fidèle ; qu’il a eu la belle entre ses bras, et qu’alors son courage s’est glacé ?… Vrai, Henri, vous n’êtes pas un homme.

Henri.

Si c’était ce que vous pensez, — Grand maître, — je mériterais qu’on me fît honte. Mais ce n’a pas été de ma part manque de cœur.

Le Roi.

Et quoi donc ?

Henri.

Générosité, vertu.

Le Roi.

Je le souhaite.

Henri.

Vous-même, sire, en pareille circonstance, vous seriez conduit de même.

Le Roi.

Je vous remercie, mon frère, de l’excellente opinion que vous avez de moi.

Don Arias.

Voici Dorothée.

Le Roi.

Pourquoi vient-elle ?

Le grand Maître.

Pour se plaindre sans doute.

Le Roi.

Elle en aurait bien le droit.


Entrent DOROTHÉE, THÉODORA et L’ÉCUYER.
Dorothée.

Sire, je supplie votre majesté d’accorder toute son estime à l’infant, comme à l’amant le plus généreux qui ait jamais existé. — Je ne viens pas me plaindre de lui !

Le Roi.

Pourquoi venez-vous donc ?

Dorothée.

Pour mon mariage.

Le Roi.

Votre mariage ?