Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 2.djvu/297

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Sancho.

Allons ! allons ! une petite politesse pour payer votre entrée.

Rosales.

Il a la mine d’un galant homme.

Citron.

À quoi le jugez-vous ?

Rosales.

À ce que vous avez le nez bien à sa place.

Citron.

Et comment auriez-vous voulu que je l’eusse ?

Cespedosa.

Parbleu ! est-ce que vous n’auriez pas pu l’avoir de côté ou de travers ?

Citron.

J’aurais été joli garçon !

Sancho.

Il aurait pu être si long, qu’on aurait deviné par là de quelle tribu descendait votre excellence.

Citron.

Il y a des nez longs pleins de noblesse, et des nez courts qui sont ignobles. On se trompe souvent quand on juge un homme d’après son nez. Car vous saurez qu’il y a aussi des Juifs qui naissent camards.

Cespedosa.

Comment cela ?

Citron.

Le voici. — Ce peuple tomba par trois fois dans le jardin des Olives, où ils avaient accompagné le traître qui vendit son Seigneur. Dès qu’ils l’entendirent, aussitôt ils tombèrent épouvantés, les uns sur la face, les autres à la renverse[1]. De là vient la différence qu’on remarque entre les nez des Juifs : ceux qui tombèrent sur la face ont le nez fort long ; et ceux qui tombèrent à la renverse sont camards.

Cespedosa.

Vous m’avez l’air d’un luron.

Citron.

Je suis de Séville.

Sancho.

Eh bien ! exécutez-vous de bonne grâce.

Citron.

Je vous l’ai dit vingt fois, et vous devriez me croire, on m’a tout pris.

Sancho.

Quoi ! tout absolument ?

  1. Les Évangiles n’entrent pas dans ce détail.