Je suis venue ici, seigneur, pour voir votre air et votre tournure.
Ayez compassion de mes malheurs, car on m’a arrêté sans motif.
Mais ce n’est pas sans motif que ma maîtresse s’est éprise de vous ; et cela au point qu’à compter d’aujourd’hui elle veut s’employer vivement à votre service. — Elle était à sa fenêtre, et vous a vu passer. — Voici pour vous un billet.
Je ne me plains plus désormais de mon malheur. — Au contraire, je suis prêt à le bénir. — Comment s’appelle cette dame ?
Pour ceci, je ne puis pas vous le dire. Vous le saurez plus tard. Sa réputation commande les plus grands égards.
C’est donc une dame de qualité ?
Oui, monseigneur, tout à fait.
Et qui l’oblige à me témoigner tant de sympathie ?
Lisez le billet ; il vous apprendra mieux votre bonheur.
Hélas !… mon malheur, c’est une prison ! et mon bonheur, c’est une feuille de papier ! (Il lit.) « Au bruit que faisaient les gens qui vous menaient à la prison, je me suis mise à la fenêtre ; je vous ai vu, charmant étranger ; et votre bonne mine a gagné mon cœur, lequel est devenu votre prisonnier, comme vous-même étiez celui des alguazils. Je veux demeurer dans vos fers tout le temps que vous serez captif. Disposez de moi comme de votre esclave ; et commencez par accepter ces deux cents écus dont vous aurez besoin dans la prison, et dont je n’ai que faire, en ayant pour moi beaucoup plus qu’il ne m’en faut. » (Parlant.) J’ai lu le billet.
Et moi je l’ai entendu… et il m’a pénétré d’admiration, ainsi que celle qui l’apporte. Où est l’argent ?
Tais-toi, imbécile, à la male heure. (Avec enthousiasme.) Quel bonheur fut jamais égal au mien ?
Il y a bien de quoi se vanter, ma foi ! — Dites, ma mie, où donc est cet argent qui vient de nous tomber comme du ciel ?
Te tairas-tu ?