Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 2.djvu/306

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vais dans ma valise ; et si vous m’accordez cette grâce, je vous en serai bien reconnaissant.

Don Fernand, de même.

Il serait mal à moi de nier la vérité à un si noble et si généreux cavalier envers lequel je tâcherai de m’acquitter, s’il est possible, d’un si grand service : et si l’aveu de ce que je vous dois pouvait vous satisfaire, je déclare que le meurtrier de don Pèdre…

Don Juan, de même.

Taisez-vous, je vous prie ; vous me perdriez. Car je dirais que c’est moi qui l’ai tué… ce que je nie en ce moment ; et vous auriez beau vous dénoncer, je soutiendrais que vous faites cela pour moi. Ainsi donc ne me perdez pas. J’espère prouver que je ne suis point de ce pays et que je n’ai jamais eu de relations avec le défunt.

Don Fernand, de même.

Mais dois-je souffrir que vous soyez puni de la faute que j’ai commise ?

Don Juan, de même.

Certainement ; car moi je pourrai me tirer d’ici et vous offrir mes services, tandis que vous qui êtes coupable…

Don Fernand, de même.

Quelle reconnaissance vous m’imposez ! je voudrais me mettre à vos pieds.

Don Juan, de même.

Ces compliments sont hors de saison. Adieu, partez ; car l’on nous observe, et l’on pourrait soupçonner quelque chose.

Don Fernand, de même.

Croyez-le bien, je suis noble et homme d’honneur.

Don Juan, de même.

Je sais que mon dévouement ne pouvait mieux s’employer.

Don Fernand, de même.

Dieu me permettra, j’espère, de m’acquitter un jour.

Citron.

Allons, allons, prenez garde !

Don Juan.

Adieu, don Fernand.

Don Fernand.

Adieu, seigneur don Juan.

Ils sortent chacun par un côté différent.



Scène IV.

Chez don Fernand.


Entrent LÉONARDA et INÈS.
Léonarda.

Il est aussi bien que tu le dis ?

Inès.

Je n’ai jamais vu un si charmant jeune homme. Il s’appelle don