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JOURNÉE TROISIÈME.



Scène I.

Dans la maison de don Fernand.


Entrent DON JUAN, DON FERNAND et CITRON.
Don Fernand.

Est-ce donc ainsi qu’un ami aussi cher doit passer dans ma rue ?

Don Juan.

J’allais partir ; et comme, en ma qualité d’étranger, je ne connaissais pas votre maison…

Don Fernand.

Tout le monde vous l’aurait indiquée, et les armes qui sont placées au-dessus de ma porte l’indiquent assez.

Don Juan.

Je ne puis contracter toujours de nouvelles obligations.

Don Fernand.

Demeurez ici ; car tout le monde ici, vous le savez, est prêt à vous servir et vous aime. — Vous ne sortirez pas. Je veux vous posséder à mon tour, et je vous retiens prisonnier.

Don Juan.

Vous me comblez, et je ne sais comment j’ai pu mériter…

Don Fernand.

Le service que vous m’avez rendu doit à jamais exciter ma reconnaissance.

Don Juan.

Je n’ai fait que mon devoir. — Adieu, seigneur don Fernand. Je suis forcé de partir.

Don Fernand.

Si cela était absolument nécessaire, je n’y mettrais pas d’opposition… Mais je vous l’ai dit, je vous garde.

Don Juan.

Je vous remercie de cette bienveillance ; mais…

Don Fernand.

Non pas ! il faut que je vous dédommage de mon mieux de ce que vous avez souffert pour moi. Autant de jours vous avez passés pour moi en prison, autant de jours je veux vous régaler. Vous ferez d’ailleurs connaissance avec une mienne sœur qui sera charmée de vous voir, et de vous témoigner aussi sa gratitude du service que vous m’avez rendu.

Citron.

Sans doute, monseigneur, nous trouverons aussi chez vous la