de celle que j’adore ? Et d’un autre côté, comment pourrais-je le trahir, moi qui lui ai tant d’obligation ?… Je n’ai qu’une seule ressource… partir. — Je vais prendre congé d’elle.
Je vais préparer nos valises, et tant pis pour Inès ! Je m’en irai sans prendre congé d’elle.
Scène III.
J’ai à vous parler d’une chose importante.
Vous m’inquiétez ; je vous écoute.
Quel est ce don Juan ?
Un cavalier sévillan, ami de mon frère.
Il est aimable et spirituel. Jamais, non, jamais homme ne m’a plu autant.
Et don Pèdre, le défunt ?
Ma foi ! je l’ai oublié depuis que j’ai vu don Juan. — Les morts ont toujours tort. — Il est impossible qu’ils puissent lutter avec les vivants ! ce sont des ombres, et, l’hiver surtout, une femme n’est pas bien à l’ombre[1]. Voulez-vous voir ce qu’est un mort ? Rappelez-vous quand meurt un prince. Toute la cour se précipite vers son héritier, et l’on ne pense et s’inquiète pas plus de l’autre que d’un roble[2] au désert.
Il paraît que don Juan est l’héritier de don Pèdre ?
Oui, il me le faut oublier, et j’en quitte mon deuil. Je l’ai assez pleuré, et mon cœur doit aimer encore. — Ah ! ma chère, heureuse celle qui sera sa femme !
Il ne tient qu’à vous d’avoir ce bonheur.
Si vous voulez vous occuper de cela, je vous ferai un joli cadeau.