Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 2.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Camilo.

Mais non, vous êtes fou, je suis fou moi-même. Est-ce que deux femmes se parleraient ainsi d’amour ? Au reste, il est facile de vous informer d’elle à ces deux pages.

Albano.

Veuillez attendre un moment. (Albano et Camilo s’avancent vers les deux pages.) Holà ! mes jeunes seigneurs ?

Fabio.

Dité, signore[1].

Albano.

Puis-je vous parler de confiance ?

Fabio.

Parlaté. Ié souis al vostro servicio. Qué volété ?

Albano, à part.

Ah ! belle Dinarda ! (Haut). Quel est ce cavalier ?

Fabio.

Ce gentiluomo ?

Albano.

Oui.

Fabio.

Le signor Rugero.

Albano.

Quoi ! il s’appelle Rugero ?

Fabio.

Si.

Albano.

D’où est-il ?

Fabio.

De Venezia.

Albano.

Il n’est pas Espagnol ?

Fabio.

No, grazia à Dio, il n’est pas Espagnuolo. Perchè li Espagnuoli sonno tutti traditori, birbanti, assassini per tre escudi.

Albano.

En vérité, Camilo, cela est étrange ; j’en deviendrai fou.

Fabio.

Attendez oun poco, signore ; ié vous santérai ouna sanson chichilienne.

Il chante.

Se tutta la Chichilia
Fosse macarrone,

  1. Un critique sévère pourrait condamner ce patois italien que le poète fait parler à ses jeunes gens, à cause que la scène se passe en Italie, et quoique tous ses personnages parlent la langue espagnole. Quant à nous, nous trouvons dans cette petite invraisemblance un sentiment très-fin et très-délicat des libertés de l’art.