Mais non, vous êtes fou, je suis fou moi-même. Est-ce que deux femmes se parleraient ainsi d’amour ? Au reste, il est facile de vous informer d’elle à ces deux pages.
Veuillez attendre un moment. (Albano et Camilo s’avancent vers les deux pages.) Holà ! mes jeunes seigneurs ?
Dité, signore[1].
Puis-je vous parler de confiance ?
Parlaté. Ié souis al vostro servicio. Qué volété ?
Ah ! belle Dinarda ! (Haut). Quel est ce cavalier ?
Ce gentiluomo ?
Oui.
Le signor Rugero.
Quoi ! il s’appelle Rugero ?
Si.
D’où est-il ?
De Venezia.
Il n’est pas Espagnol ?
No, grazia à Dio, il n’est pas Espagnuolo. Perchè li Espagnuoli sonno tutti traditori, birbanti, assassini per tre escudi.
En vérité, Camilo, cela est étrange ; j’en deviendrai fou.
Attendez oun poco, signore ; ié vous santérai ouna sanson chichilienne.
Se tutta la Chichilia |
- ↑ Un critique sévère pourrait condamner ce patois italien que le poète fait parler à ses jeunes gens, à cause que la scène se passe en Italie, et quoique tous ses personnages parlent la langue espagnole. Quant à nous, nous trouvons dans cette petite invraisemblance un sentiment très-fin et très-délicat des libertés de l’art.