Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 2.djvu/51

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Camilo, à Albano.

Allons-nous-en, mon cher ; je vois qu’ils vous soupçonnent de quelque vilaine intention.

Albano.

Qu’y a-t-il donc de louche à ma question ?

Camilo.

Croyez-moi, retirons-nous.

Albano.

J’y perdrai l’esprit.

Camilo.

Vous parlerez plus tard à Phénice. Personne ne vous dira mieux qu’elle si ce galant est un homme ou une femme.

Albano et Camilo sortent.
Fabio.

Je mourrais de rire, s’ils étaient plus éloignés.

Bernardo.

Pas moi.

Fabio.

Pourquoi ?

Bernardo.

Leurs demandes m’ont inspiré un soupçon bizarre.

Fabio.

Lequel donc ?

Bernardo.

C’est que notre ami Dinardo est une femme.

Fabio.

Eh bien ! ma foi, tiens, il me semble de même, quoique je ne me sois jamais enhardi à tenter de le savoir… S’il en était ainsi pourtant, Phénice n’en serait pas amoureuse.

Bernardo.

Il est vrai ; mais d’un autre côté le dédain avec lequel il la traite me confirme dans cette opinion.

Fabio.

Alors ce n’est qu’une déférence hypocrite que celle qu’il montre pour ce capitaine.

Bernardo.

Tout est feint, selon moi, dans cette affaire, et leur conduite tiendrait à des motifs que nous ignorons.

Fabio.

À partir d’aujourd’hui j’entreprends de savoir s’il est réellement une femme.

Bernardo.

Et moi aussi, vive Dieu !

Fabio.

Eh bien ! à nous deux nous verrons.