Scène III.
Il est singulier qu’elle ait fermé sa porte aujourd’hui.
Seigneur Lucindo, ma maîtresse vous prie de l’excuser si elle ne vous reçoit pas pour le moment ; les plus graves motifs l’en empêchent.
Ah ! Célia, je me doutais bien qu’il n’était guère possible qu’une femme aussi dissipée fût capable d’un véritable amour. La constance ne s’allie pas avec cet emportement à la française[1]. Maintenant elle s’est éprise du beau don Juan de Lara… Hélas ! elle m’abandonne, elle me trahit après m’avoir rendu fou !
Ne parlez pas ainsi de ma maîtresse, seigneur Lucindo ; c’est à vous seul qu’elle pense, c’est pour vous seul qu’elle soupire. D’ailleurs je vais l’avertir, et quelles que soient ses préoccupations, elle-même vous rassurera.
Écoute donc, Célia.
Elle est partie en colère.
Que lui ai-je dit ?
Vous vous êtes plaint de sa maîtresse.
Ah ! Tristan !
Calmez-vous.
J’entends du bruit.
Que signifie ce vêtement lugubre, madame ?… Vous pleurez.
Je ne voulais pas vous voir aujourd’hui, mon cher bien, de peur
- ↑ De même que les Italiens disent la furia francesa, les Espagnols la colera francesa.