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Scène III.

Le salon de Phénice.


Entrent PHÉNICE et CÉLIA.
Célia.

Vous êtes bien contente ?

Phénice.

Jamais je n’ai eu tant de joie. J’ai ramené dans ma maison un homme qui va faire ma fortune, et j’épouserai par son moyen celui que j’adore. — Ah ! Célia, comme je l’ai trompé ! En vérité, je le plains, ce pauvre garçon ! Ils ne sont pas malins, les Espagnols !

Célia.

Par Dieu ! l’Espagne est un pays de montagnes qui ne produit que des hommes d’un esprit lourd, lent, paresseux. S’ils ont conquis les Indes, ma foi ! c’est pour enrichir l’Italie et la France. Partout où ils portent leurs armes ils laissent leur argent.

Phénice.

Quel immense bénéfice j’ai en perspective ! D’abord les trente pour cent, ce qui n’est pas à dédaigner. Puis ce que je pourrai retirer sur le capital que je prête. Puis j’ai dans mon secrétaire les clefs du magasin, et j’y entrerai quand je voudrai. — Mais, à propos, Célia, où est le capitaine ?

Célia.

Il est allé voir don Juan.


Entre BERNARDO.
Bernardo.

Que votre seigneurie me donne la main comme à son page.

Phénice.

Mon ami ! mon frère !

Bernardo.

Puissiez-vous être heureuse avec le seigneur don Juan pendant dix siècles et plus ! Amen.

Phénice.

Prenez cette bague, Bernardo ; c’est un diamant de cinquante écus ; je vous l’offre au nom de cet aimable Espagnol, Votre maître et le mien.

Bernardo.

Je l’accepte sans façon.


Entre FABIO.
Fabio.

Je baise les mains et les pieds de votre seigneurie.

Phénice.

Ô Fabio !