Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/153

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C’était, humainement parlant, raisonner juste, et si le clergé eût été un parti, le moment était venu pour lui de se roidir contre le Gouvernement ; et quelle est la ligue politique, qui possédait des moyens d’action aussi puissants, avec une armée composée, comme la sienne, de plus de vingt mille soldats répartis dans toute la France ? Et, tous ces soldats sont des capitaines, car le plus humble desservant dispose de bien des familles.

L’instruction primaire, dans cette supposition, était plus particulièrement menacée. C’était un admirable champ de bataille pour essayer les forces de l’attaque et de la résistance : et c’est là qu’on eût reconnu tout de suite, les traces de ce concert imaginaire, s’il avait existé. Qu’un ordre émané du Saint-Siége eût passé de la bouche de l’évêque jusqu’aux pasteurs des campagnes ; quel est, dans cette milice si bien disciplinée, le réfractaire, qui se serait hasardé à défendre ouvertement une institution condamnée par son chef ? Eh bien ! loin que les efforts des ecclésiastiques se soient combinés pour soutenir cette lutte contre le vœu du pays, ils s’y sont d’eux-mêmes associés, ils se sont offerts comme auxiliaires, et nul corps n’a embrassé avec plus d’ardeur, ni plus fidèlement servi les intérêts de l’instruction promise au peuple.

Nous avons loyalement recueilli les témoignages. Nous ne devions pas nous attendre à les trouver unanimes, et leur désaccord même est pour nous une preuve que les prêtres n’avaient point reçu la mission qu’on suppose. Pendant que tel archevêque profite des griefs les plus légers pour faire éclater sa mauvaise humeur et proscrire, dans son diocèse, les livres destinés par l’Université à l’instruction des écoles, nous voyons un bon nombre d’évêques s’unir aux efforts de l’administration, en appelant dans leurs lettres pastorales, le zèle