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Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/202

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tous les enfants qui sont hors d’état de payer une rétribution quelconque, en quelque nombre qu’ils soient, doivent être reçus gratuitement. Au surplus, cette admission ne sera nullement préjudiciable à l’instituteur, pourvu qu’il adopte l’enseignement mutuel, toutes les fois que le nombre des élèves qui se présenteront pour fréquenter son école, l’exigera. La loi, tout en s’occupant d’améliorer et de répandre l’instruction populaire, n’a point négligé le sort des instituteurs.

Ardennes ; arr. de Rocroy, cant. de Fumey et de Givet. — Dans l’état actuel des choses, les instituteurs sont trop dépendants des conseils municipaux. Ces conseils, dans les campagnes, sont souvent composés d’hommes peu aisés, qui ne verraient pas, sans une certaine jalousie, l’instituteur jouir d’une médiocre aisance. J’en ai acquis la certitude dans ma tournée. Souvent, les maires disposés à faire tous les frais nécessaires pour l’amélioration de l’instruction, se voient contrariés par les conseils municipaux.

Aude ; arr. de Limoux, cant. de Belcaire et de Roquefort. — Ces deux cantons sont situés dans les montagnes qui touchent aux Pyrénées, et forment une partie de leur base. Le climat en est excessivement froid ; et la glace et les neiges couvrent la terre pendant quatre ou cinq mois de l’année. Le sol en est peu fertile. Point d’industrie ni de commerce, et les habitants, presque tous misérables, n’ont pas toujours de quoi se nourrir, même en s’astreignant aux aliments les plus grossiers.

Aussi, l’instruction primaire n’y prospère point, et, ni les autorités ni les administrés ne s’occupent guère d’avoir des écoles ; en sorte que sur trente communes, dont se composent les deux cantons, il n’y a que douze instituteurs, savoir : sept dans celui de Belcaire, et cinq dans celui de Roquefort. Les dix-huit autres communes croupissent dans l’ignorance.

Bouches-du-Rhône ; arr. de Marseille, cant. de M................). — Les vicaires qui desservent les différentes églises, ont pu seuls exercer quelque influence sur les instituteurs, et généralement, ils ont paru satisfaits de leur zèle et de leur conduite. Il n’en est pas de même de leur capacité, qui laisse beaucoup à désirer. L’autorité municipale n’exerce aucune surveillance sur ces écoles, et elles ont été rarement visitées par les membres du comité.

Charente-Inférieure ; arr. de Saintes. — J’ai employé, auprès de MM. les maires, toute l’influence que donnent des intentions louables, pour les engager à protéger les instituteurs communaux contre une erreur aussi déplorable ; mais j’ai eu la douleur de me convaincre que plusieurs de ces fonctionnaires, presque aussi ignorants que leurs administrés, font souvent cause commune avec eux, et voudraient avoir pour instituteur, celui dont les manières, dont les habitudes et le costume se rapprochent le plus des leurs, au détriment de l’instituteur et à leur propre détriment. Dans d’autres, et j’en ai acquis la preuve pendant ma tournée, les maires et les conseillers municipaux peu pénétrés sans doute, des avantages de posséder un bon instituteur, cherchent