Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/208

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Cher ; arr. de Bourges. — Beaucoup de propriétaires, sans aucune aversion pour le gouvernement, mais avant tout, amis de l’ordre et de la tranquillité, ne voient pas sans inquiétude propager l’instruction élémentaire, dans le temps où les journaux pullulent, où des colporteurs répandent, jusque dans les hameaux, des ouvrages infâmes ; ils redoutent les avocats de village (comme ils les appellent), se mêlant des affaires pour les brouiller, pour semer les procès. Ils ne comprennent pas encore bien que ces avocats ne doivent leur pernicieuse influence qu’au monopole de la lecture et de l’écriture ; et que, lorsque ces ressources seront à l’usage de tous, elles cesseront de profiter à quelques-uns contre le plus grand nombre.

Gironde ; arr. de Lesparre. — Quelques maires m’ont déclaré que le Médoc a besoin de vignerons et non de lecteurs ; ils pensent qu’un paysan qui sait lire devient un cultivateur indocile, fainéant et raisonneur.

Gers ; arr. de Lectoure, canton de Miradoux. — Plieux : École assez fréquentée. Les enfants des métayers n’y paraissent pas. « Ils font mieux de travailler, de recurer quelque fossé » (un bourgeois).

Ain ; arr. de Belley, cant. de Champagne. — La commune de V.......... est du nombre de celles qui ne veulent pas que les pauvres s’instruisent. Je dois payer un tribut d’éloges à l’établissement tenu à Champagne, pour les filles, par les religieuses de Saint-Joseph. Je n’ai recueilli sur mon passage que des choses flatteuses sur la tenue de cet établissement.

Drôme ; arr. de Montélimart, cant. de Valence. — Les paysans mêmes, qui ont quelque aisance, ne veulent pas que leurs enfants soient, dans les écoles, à côté des indigents, et exigent que le maître ne reçoive pas d’élèves gratuits. Il y a ici une petite aristocratie d’argent.

Isère ; arr. de Saint-Marcellin, cant. de Rives. — Là comme ailleurs, ceux qui peuvent payer ne sont pas bien aises de voir leurs enfants confondus avec les indigents.

Isère ; arr. de Saint-Marcellin, cant. de Tallins. — Il est en outre à craindre, dans cette commune, que l’instituteur communal n’ait que les enfants indigents ; les gens aisés et ceux qui pourront