Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/297

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et de Saint-Blin. — Je puis dire, qu’en général, l’instruction primaire, dans ces sept cantons, est dans un progrès satisfaisant. Presque partout, les communes réparent, agrandissent ou reconstruisent les locaux destinés à réunir les enfants de leurs petites cités : partout, les instituteurs sont mieux rétribués et jouissent de plus de considération. Naguère, l’instituteur n’était considéré que comme un gardeur d’enfants, de même que le berger, qui n’est que le gardien des bestiaux. Dans une commune même (Blancheville), j’ai vu la maison du pâtre adossée encore au logement de l’instituteur, et tous deux sont, en quelque sorte, sous le même toit. Mais les idées s’améliorent dans les campagnes, et l’instituteur est aujourd’hui mieux apprécié.

Moselle ; arr. de Thionville. — Les enfants, selon eux, n’ont pas besoin d’en savoir plus que leurs pères, et ils logent les pâtres dans les maisons d’école, soutenant que le pâtre leur est plus utile pour leurs bestiaux, qu’un instituteur pour leurs enfants.

214 (Voy. 212, Landes).

Ariège ; arr. de Foix. — S’il y a une école, ce qui est assez rare, elle est déserte, ou fréquentée seulement par les enfants des familles les plus aisées, qui croient avoir fait un grand effort, quand elles ont payé à l’instituteur douze ou quinze sous par mois, rétribution que l’on se contente souvent de promettre.

Corrèze ; arr. de Brives, cant. de Larche. — L’instituteur Arnat est un vieillard de soixante-quatorze ans, qui fait tous les jours deux grandes lieues à pied, pour aller faire la classe à cinq élèves qu’il a dans la commune de Ferrières. La rétribution de ces cinq élèves suffit à peine pour l’entretenir de pain.

Gard ; arr. d’Uzès, cant. de Bagnols. — Il y a un découragement assez naturel chez la plupart des instituteurs, qui vivotent pendant l’hiver et qui manquent de pain pendant l’été.

Hérault ; arr. de Saint-Pons, cant. de Salvétat. — De là, l’ignorance complète des sept huitièmes des habitants, le peu d’aptitude des instituteurs, qui y trouvent à peine de quoi vivre pendant les mois d’école, et qui se voient souvent privés des premiers besoins pendant la belle saison, époque à laquelle leurs écoles sont entièrement désertes. Aussi, plusieurs d’entre eux se donnent à louage, comme des domestiques ou des bergers, aux habitants d’un ou de plusieurs hameaux voisins, pour une modique somme, allant prendre leur repas et leur coucher, une semaine chez l’un et une semaine chez l’autre.

Landes ; arr. de Saint-Sever, cant. d’Aire. — Pour les instituteurs, vous les trouvez pauvres, mal vêtus, faisant la classe en sabots,