Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/298

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sans bas, gilet, ni cravate. Malgré les tristes idées que je me formais de l’instruction dans ces contrées, j’étais loin de penser que les instituteurs fussent dans une position aussi déplorable. Retirant de chaque élève, avec beaucoup de peine, 50, 40, quelquefois même 25 cent. par mois, mariés, chargés d’enfants, que peuvent-ils faire ? Que peuvent-ils devenir ?

Moselle ; arr. de Briey, cant. d’Audun-le-Roman. — Dans certaines localités, la rétribution mensuelle ne va pas au-delà de 25 à 30 cent.

Pas-de-Calais ; arr. de Béthune, cant. de Laventie. — Mais ne recueillant de sa profession d’instituteur qu’une centaine de francs par an, tout au plus, B..... sert, comme domestique, chez un fermier.

Basses-Alpes ; arr. de Barcellonnette, cant. de Barcellonnette. — Chaque hameau veut avoir son instituteur, et les parents sont tous jaloux de faire apprendre à leurs enfants la lecture, l’écriture et le calcul. Le nombre des élèves est donc nécessairement peu considérable, et la pauvreté des habitants ne leur permet jamais de donner aux maîtres un salaire suffisant ; aussi, celui qui offre de donner ses leçons au meilleur marché, est toujours sûr d’obtenir la préférence. J’ai trouvé des maîtres dont le salaire ne s’élève pas au-delà de 60 fr.

Doubs ; arr. de Besançon, cant. de Marchaux. — Plusieurs communes étant réunies pour former une paroisse, et n’ayant qu’une seule école, l’hiver ne permet pas toujours aux enfants d’assister régulièrement à la classe ; les petits enfants n’y viennent jamais à cause de la distance ou de la difficulté des chemins. Qu’arrive-t-il de là ? Ou les enfants, jusqu’à l’âge de dix à douze ans, restent dans une ignorance complète, ou bien les communes, en contravention avec la loi, prennent un maître non breveté pour les deux ou trois mois d’hiver ; elles lui font un gage de 50 à 60 fr. ; et elles en trouvent à ce prix.

Lot-et-Garonne ; arr. de Nérac, cant. de Lavardac. — Dans un petit hameau de la commune de Lisse, j’ai trouvé l’instituteur logé dans une chambre qui ne reçoit le jour que par la porte, et qui est en même temps classe, cuisine, chambre à coucher, grange à bois, etc. Ce malheureux s’est plaint avec amertume de sa position et du délaissement de l’autorité ; il m’a dit ensuite, en présence du maire, que son école ne lui a pas produit 100 fr. l’an dernier.

Hérault ; arr. de Montpellier, cant. de Frontignan. — M. P… est un estimable instituteur, qui a grand besoin qu’on vienne encourager son zèle. La commune ne fait absolument rien pour lui, et la