Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/325

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instituteurs à poste fixe : ce sont Salheillan, Peyroule et Castellanne, encore cela vient-il de ce que les instituteurs sont nés là. L’enseignement mutuel de Castellanne est la seule école qui reste ouverte toute l’année classique ; toutes les autres ne sont en activité que cinq ou six mois, et changent de maître toutes les années. Aux approches de l’hiver, ou plutôt aux premières neiges, il vient, du côté de Barcellonette ou d’ailleurs, une nuée de jeunes gens, munis d’un brevet, ordinairement du troisième degré ; ils se présentent aux maires des communes, qui, sans autres garanties que leur brevet, les louent pour six mois au plus, à peu près comme on loue un homme de peine ; le marché conclu, on leur donne la clef de la maison, ou plutôt de la chambre commune, où ils vont s’installer avec tous les ustensiles d’un pauvre ménage : trop heureux encore, lorsque, à côté ou au-dessus de la chambre commune, il se trouve un cabinet obscur ou un galetas pour recevoir un grabat. En effet, ces pauvres diables sont obligés de faire leur ménage et de coucher dans la pièce même où ils font l’école.

Ain ; arr. de Belley, cant. de l’Huis et de Virieux-le-Grand. — La plupart des communes n’attendent plus que le moment de l’organisation administrative d’écoles tenues et dirigées par de bons instituteurs sédentaires, n’ayant eu jusqu’à présent que des instituteurs ambulants et passagers, qui, aux approches de l’hiver, descendent des montagnes de la Savoie pour venir donner aux enfants des campagnes une instruction toujours insuffisante, une prononciation vicieuse et d’un mauvais accent.

Isère ; arr. de Grenoble. — Toutes les communes qui prennent des instituteurs ambulants ne les emploient qu’en hiver ; pendant le reste de l’année il n’y a point d’école.

Drôme ; arr. de Montélimart, cant. de Marsanne. — Condillac. On fait pacte avec un Briançonnais, qui fait six mois d’école.

Drôme ; arr. de Nyons. — L’état d’instituteur est dégradé dans ce canton comme dans celui de Rémusat et de Sédéron, par les colporteurs d’instruction qui descendent des montagnes de Briançon, et viennent se louer pour cinq à six mois d’hiver, à 15 ou 20 francs par mois, avec une stipulation de quelques boisseaux de pommes de terre. On les traite comme de véritables valets. Cependant, le paysan avare s’en contente, parce qu’ils ne coûtent pas cher.

Isère ; arr. de Grenoble, cant. de Grenoble. — Si les communes qui peuvent faire des sacrifices, sont impatientes de recevoir des insti-