Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/326

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tuteurs, et demandent avec instance qu’on leur en envoie de capables, les communes pauvres aussi, en exposant l’insuffisance de leurs moyens, expriment vivement le désir d’avoir des maîtres qui instruisent bien leurs enfants. Toutes voudraient avoir des hommes sortant de l’école normale ; elles disent que ces instituteurs-là valent beaucoup mieux que leurs Briançonnais ; elles ont donc jugé et apprécié : l’indifférence ne prend pas cette peine. Si les communes pauvres emploient encore les Briançonnais, c’est qu’elles ne peuvent entretenir un instituteur primaire ; c’est que ces instituteurs ambulants arrivent là, et s’y établissent pendant la mauvaise saison, lorsque les chemins sont impraticables et les communications interceptées. Les parents alors s’estiment fort heureux que leurs enfants, qu’ils ne peuvent envoyer ailleurs, apprennent à former quelques lettres et à lire tant bien que mal.

Isère ; arr. de Grenoble, cant. de La Mure et de Meus. — La plupart des communes qui, pendant l’hiver, prennent des instituteurs ambulants, se montrent peu disposées à voter les fonds nécessaires à l’établissement d’écoles communales. Elles allèguent l’éloignement des différents hameaux dont elles sont composées, et la difficulté des communications qui, dans le temps des neiges, rend impossible la réunion, dans un même lieu, de tous les enfants de la commune.

Lozère ; arr. de Mende. — Dans les trois cantons de Saint-Amans, de Grandrieu et de Langogne, il y a, en hiver, grand nombre d’écoles tenues par des Auvergnats qui louent leurs services à un village pour deux ou trois mois. La condition ordinaire est que chaque père de famille nourrira le maître d’école un ou deux jours.

Ain ; arr. de Nantua. — Jusqu’à présent il n’y a jamais eu, dans la commune de Ferrières, qu’un de ces instituteurs descendant des montagnes du Jura et venant passer la mauvaise saison dans les communes sans écoles.

Ain ; arr. de Nantua. — Les communes de Neyrolles et de Poiry n’ont point eu, jusqu’à ce jour, d’instituteur à demeure.

Basses-Alpes, arr. de Forcalquier. — Dans les trois arrondissements dont je m’occupe, cinquante communes au moins, dont la population ne va pas à deux cents âmes, sont encore dépourvues d’écoles, ou n’ont qu’accidentellement des instituteurs de passage, pendant deux ou trois mois de l’année. Ces instituteurs, incapables d’obtenir un brevet quelconque, sont ordinairement l’ignorance personnifiée, et leur passage est absolument sans aucun résultat.