Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/332

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mune de T..... un instituteur qui donne des leçons à domicile avec la qualité d’instituteur particulier. Cet instituteur est un ancien prêtre qui s’est fait protestant, et a contracté mariage, devant notaire, avec une femme qui déjà lui a donné trois enfants.

Gironde ; arr. de Bordeaux, cant. de Castelnau. — Sur les dix élèves qui reçoivent des leçons de l’instituteur du Porge, il y en a même cinq qu’il va enseigner à domicile, à une lieue de sa maison, pour le même prix.

Landes ; arr. de Saint-Sever, cant. de Geaune. — Je ne dois pas omettre de parler d’un usage que j’ai trouvé établi dans la plupart des communes de ce canton. Les instituteurs sont nourris chez les particuliers. Ils vont manger un mois chez l’un, un mois chez l’autre, alternativement, c’est ce qu’ils appellent faire le mois. Outre cela, ils reçoivent le petit salaire indiqué dans le tableau. Je ne fais pas de réflexion sur cet usage extraordinaire ; ce qu’il y a de certain, c’est que dans mon inspection il m’est souvent très-difficile de trouver ces instituteurs errants.

Haute-Loire ; arr. d’Issengeaux, cant. d’Issengeaux. — Mais il existe dans les campagnes un abus qui détruira toujours l’effet de toute combinaison : c’est la facilité avec laquelle certains individus font l’école dans les villages ; les pères de famille prennent chez eux un instituteur qui réunit les autres enfants du village ; ainsi surgissent de toutes parts les plus mauvaises écoles. Ces petites écoles entraînent beaucoup d’inconvénients ; elles font bien du mal, ruinent le principal établissement de la commune, soutiennent le crédit des vieilles méthodes. Ces dangereux instituteurs, dépourvus de brevet, dénigrent l’instituteur communal, fortifient ainsi les préjugés des campagnards, et s’opposent à toute unité d’instruction.

Mayenne ; arr. de Château-Gonthier. — Dans presque toutes les communes qui n’ont point d’instituteur breveté, quelques parents confient l’instruction de leurs enfants, soit à de pauvres diables sans ressources et sans capacité, sachant à peine lire, et souvent adonnés à la boisson, qui vont, une partie de la journée, donner (per domos) des leçons d’écriture et de lecture à raison de 60 ou 75 centimes par mois.

Basses-Pyrénées ; arr. d’Oloron, cant. de Lasseube. — La vaste étendue des hameaux et la grande distance qui sépare les habitations empêchent les enfants de se rendre au centre des communes où se tiennent les écoles ; les pères de famille remédient à cet inconvénient par des instituteurs libres ; aussi chaque section a le sien ; il y a même des sections où l’on en rencontre plusieurs. Mais ces instituteurs n’ont pas tous un local fixe pour tenir l’école ; ils vont tantôt dans une maison, tantôt dans une autre, et ils y demeurent d’autant plus au détriment des autres, qu’ils y sont mieux traités. Ils sont, en général, très-mal payé de leurs peines ; et il est étonnant comment ils peuvent vivre de leur état. Presque tous sont incapables d’instruire les enfants.