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Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/36

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de routine ne suffirait pas pour le leur dicter, combien de bouches imprudentes leur soufflent ces funestes excuses ! car tous les conseils municipaux sont loin de ressembler à celui de Vrigny (59), qui du moins, dans une délibération officielle, exprime la douleur qu’il éprouve en pensant que, sur quarante-neuf indigents admis à jouir de l’instruction gratuite, presque aucun n’en profitera : et on ne lit pas sans étonnement la signature d’un ex-Garde-des-Sceaux au bas d’une délibération du conseil municipal de Cognac : « Reconnaissant l’inutilité d’y établir une école (60) etc. » En général, là où les autorités ne sont guère, par leur éducation, en état d’apprécier les bienfaits de l’instruction, il ne faut pas compter sur elles pour en inspirer le goût (61). Quelquefois encore les calculs d’intérêt les plus sordides déterminent la résolution prise. Témoin le conseil de Saint-Médard qui refuse des fonds pour louer un local destiné à l’école parce qu’aucun des membres qui le composent n’a d’enfant à y envoyer (62).

Les comités peuvent exercer sur les écoles de leur circonscription la plus salutaire influence, et beaucoup d’entre eux n’ont cessé de bien mériter du pays. Mais, en voyant l’empressement avec lequel des citoyens éclairés s’étaient offerts d’abord pour y prendre place, on a dû croire qu’ils s’y porteraient toujours avec la même ardeur, et que leur surveillance assidue donnerait à l’instruction primaire un essor rapide. C’est une erreur qu’il faut bien reconnaître, et qui a trop préoccupé l’honorable rapporteur de la Chambre des Députés[1], lorsqu’il a paru croire que leur zèle aurait pu rendre inutile la création d’inspecteurs spéciaux pour les écoles. Malheureusement, nous vivons dans un pays d’enthousiasme vif mais passager, et l’idée la plus sérieuse qui ait présidé à nos lois depuis 1830, la nécessité de fonder

  1. Voyez le rapport de M. Prunelle.