Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/79

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que où les instituteurs auraient dû se préparer à en mériter la confirmation par un nouvel examen.


Leur abjection et leur misère.


Quoi qu’il en soit, lorsque l’on fit en 1833 cette battue générale de l’instruction primaire dans toute la France, dans quelles écuries d’Augias fallut-il pénétrer ! La misère des instituteurs égale à leur ignorance, le mépris public mérité souvent par leur ignominie ; c’est un spectacle immonde !… et le cœur se soulève à la lecture de ce chaos de tous les métiers, de ce répertoire de tous les vices, de ce catalogue de toutes les infirmités humaines (204).

Depuis l’instituteur qui se fait remplacer par sa femme, pendant qu’il va chasser dans la plaine (205), jusqu’à l’assassin que l’inspecteur cherche en vain dans son école, parce qu’il vient d’être conduit dans les prisons voisines, combien de degrés dans le crime (206) !

Depuis l’usurier condamné par le conseil municipal (207) jusqu’au forçat libéré (208) !

Depuis l’instituteur payé par la commune pour sonner les cloches pendant les orages (209), jusqu’à l’instituteur, prêtre de l’église française, combien de ministères différents (210) !

Depuis l’instituteur sans bras jusqu’à l’épileptique (211), combien d’infirmités à parcourir !

Nous épargnons ici à nos lecteurs ces détails que les curieux pourront retrouver dans les pièces justificatives.

Mais il n’est que trop vrai ; tel était le coupable abandon où languissaient les écoles, que l’éducation des enfants de plusieurs communes a été confiée à des forçats ; que ces instituteurs avaient appris au bagne à former la jeunesse ; que, parmi les variétés d’états cumulés par les autres, véritables maîtres Jacques, nous trouvons