Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/90

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guration extérieure, il est inutile de dire qu’ils ne se composent au contraire que d’individus ordinairement jeunes, ingambes, vigoureux, et qui savent en quelques jours arpenter au besoin les quelque cents lieues qui les séparent de leurs montagnes (257).

Il est des provinces où l’instituteur participe de ces deux natures : vivace dans ce sens qu’il n’est point exotique, et qu’il appartient ordinairement à la commune ; annuel, en ce que, chaque année, l’élection décide de son sort, et le confirme rarement dans sa position (258). On ne gagne pas impunément dix écus dans son hiver ; on doit s’attendre à faire bien des envieux, et quand le peuple est assemblé devant le porche de l’église pour adjuger l’école, pendant la saison rigoureuse, le plus offrant et dernier enchérisseur est l’élu du pays.

« Les observations que nous avons faites sur le canton de l’Argentière, dit l’inspecteur des Hautes-Alpes, arr. de Briançon, sont applicables à celui de Monêtier. Toujours la médiocrité des fortunes fait qu’on se rend peu difficile sur le choix des instituteurs, non sous le rapport de la moralité, mais sous celui des connaissances. Tout paysan qui sait lire, écrire et compter, bien ou mal, se met sur les rangs des instituteurs ; et, quand vient le dimanche après la Toussaint, quand le pasteur a annoncé en chaire qu’il serait temps de se pourvoir d’un maître pour l’hiver, le Maire, ou tout autre notable, proclame, au sortir de la grand’messe, les noms des candidats qui se présentent pour tenir l’école. Le peuple, assemblé devant la porte de l’église, délibère longuement ; là, chacun a le droit, comme aux jugements des morts dans l’ancienne Égypte, de reprocher en face au prétendant ce que l’on sait contre sa moralité. S’il n’y a rien à reprendre de ce côté, on propose une somme de 20, 24,