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Page:Loranger - Les atmosphères.djvu/14

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Le Vent


Ce jour-là, le passeur rama plus que de coutume. C’était juillet, et des femmes traversaient par groupes pour une cueillette sur l’autre rive.

Tout le matin qui fut calme, avec la rivière lisse, on aurait dit polie, la chaloupe ne discontinua point son va-et-vient de trait-d’union mobile des deux rives, la chaloupe avec ses rames grandes ouvertes en bras qui embrassent l’effort, en bras ouverts comme crucifiés sur le travail.

Vers le milieu du jour, il vint une heure trop belle au temps, une heure tout simplement trop belle pour qu’il en puisse continuer d’être ainsi. Il se produisit quelque chose qui était un changement. L’air remua dans les arbres qui se prirent de tremblotements ; l’air poussa sur la côte, où les bras d’un moulin tournoyèrent lentement dans le lointain ; l’air se frotta contre la rivière qui cessa subitement de mirer les rives,

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