Aller au contenu

Page:Loranger - Les atmosphères.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

comme une glace qui devient embuée. Il se fit donc un changement ; il fit du vent et le temps s’assombrit.

L’après-midi ne fut plus que du vent dans un temps gris.

Quand le passeur revint vers la rive où l’attendait la dernière des femmes attardées, la rivière était pleine de secousses et de chocs, et la chaloupe sautait sur l’eau qui semblait s’ébrouer. Il atterrit péniblement, puis il repartit avec la femme.

La chaloupe n’avançait que par petites propulsions, à cause des rames qui lâchaient prise subitement, et qui lançaient en l’air des gerbes blanches ; à cause de toutes les vagues inévitables qui frottaient sur la chaloupe ; à cause de l’équilibre qu’il fallait tenir dans le balancement des rames plongeant avec un bruit et remontant comme pour respirer avant de replonger ; enfin, à cause du vent, et principalement des reins qui donnaient des langueurs et des sursauts au corps tout tordu qui tirait sur les bras tendus et quasi impuissants.

19