Page:Loranger - Les atmosphères.djvu/33

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LES HOMMES QUI PASSENT emportent la rue avec eux.

Chacun, qui la porte, la pense dans une pensée différente, comme il y marche où il veut.

La foule fait dans la rue un dessin obscur de taches mouvantes.

La rue distraite se disperse et s’éparpille dans chaque mouvement de chaque homme.

x x x x

Une troupe de soldats entre soudain dans la rue, et le tambour noue le rythme uniforme des hommes qui le suivent.

Le tambour avance et grandit, et ses ronrons grignotent petit-à-petit tous les bruits de la rue.

Le tambour devient toute la rue, les hommes qui passent l’écoutent et l’entendent de leurs jambes qui marquent la syncope en saccades.

La rue se concentre et se retrouve, la rue marque le pas du tambour, elle s’accorde et se pénètre.

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