Page:Loriot – Giseh, paru dans L’Ermitage, 1891.djvu/3

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Ah c’est qu’il attendait l’aube des grands soleils
Lui, le symbole ancien des immortels réveils
Troublait les ravisseurs à cause de leurs crimes.

Ils entendaient ces mots que disait Armachis
Elles auront leur jour les antiques victimes,
Ils ressusciteront les ossements blanchis !


LE PAYSAGE DE GISEH


D’un côté sont les rois, de l’autre leurs égaux
Les hommes — tous sont morts, — toute âme étant coupable,
Et tous ils sont entrés dans l’incommensurable
Abîme, et derrière eux le pylône s’est clos.

Un mont pyramidal emmantelle les os
Des rois, les hommes vils ont trouvé dans le sable
Un oubli plus précoce, un plus léger repos,
Un asile plus vaste et plus inviolable.

Sur eux tous, Armachis Dieu du soleil levant
Sous la forme d’un sphinx élève un front vivant,
Et le fellah du Nil apprend de cet ancêtre

Que cinq mille ans ont cru dans l’immortalité,
Car, chez les fils de Sem, on n’a jamais douté
Qu’Ammon sans repentance ait fait le don de l’être.


Florentin Loriot.