Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/21

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Sonyeuse, M. le marquis avait loué Sonyeuse. On n’en revenait pas dans le pays. Sonyeuse qui, depuis trois cents ans, n’était pas sorti de la famille…, ce devait être, sûrement, à quelque allié ou quelque parent ! et les fermiers… où M. le marquis toucherait-il désormais ses fermages ?

Quels étaient ces Anglais ? d’où venaient-ils ? quel motif les amenait à S… ? les recevrait-on ? étaient-ils mariés ? la première question, que pose la médisance des petites villes méfiantes à tout jeune homme et toute jeune femme installés depuis peu dans leurs murs ; feraient-ils des visites ? leur rendrait-on ? car les connaissait-on ? et le train train ordinaire de mille et un points d’interrogation malveillante, qu’une société de province dresse autour de tout couple inconnu.

Ce qu’on était convenu d’appeler la bonne compagnie de S…, quelques familles arrogantes et gourmées de petite noblesse de robe, n’eut pas à se mettre en peine d’impertinences. Lord et lady Mordaunt ne firent de visite à personne ; retirés derrière les grands murs de Sonyeuse, ils vécurent là dans la solitude absolue, sans paraître