Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/22

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même se douter à quel point ils préoccupaient l’opinion.

Hormis à la basse messe de neuf heures, à l’Abbaye, où une berline de louage l’amenait tous les dimanches, on ne rencontrait lady Mordaunt nulle part ; Lord Mordaunt, un brun à la figure passionnée, à la peau olivâtre, au profil d’oiseau de proie et qui paraissait plus jeune que sa femme, promenait presque tous les matins, par la ville, un superbe cheval de selle qui valait bien dans les trois cents louis ; un autre cheval attendait, paraît-il, à l’écurie les ordres et le bon caprice de mylady, mais c’est un caprice qu’elle n’eut pas, car, les rares fois où je la croisais en dehors de l’église où sa présence me donnait, durant les offices, de coupables distractions, elle était à pied et toujours accompagnée et de son mari et de l’enfant, que j’avais vue avec elle dès le premier jour.

Son mari ! et il fallait entendre nuancer ces deux mots « son mari », à Mme de Saint-Enoch, entre autres, la femme la plus collet monté de cette petite ville de S…, où ses jugements faisaient règle d’opinion, son mari et sa fille à elle, car cet