Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/27

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et tempéré pourtant d’une vallée de la côte normande à la poitrine un peu frêle de l’enfant. C’était du moins la raison que donnait de leur séjour ici le docteur Lambrunet, assiégé de l’aube à minuit de toutes les questions de la ville ; il était le seul homme qu’on reçût à Sonyeuse : ces Anglais mystérieux seraient venus s’ensevelir à S… rien que pour cette enfant ; la société de S… n’en voulait rien croire, il y avait certainement autre chose, mais quelle était cette autre chose… le vieux médecin n’en soufflait mot.

Toujours est-il qu’il soignait l’enfant, ou les deux, ajoutait la Saint-Énoch. Je n’ai jamais su pourquoi, mais l’opinion publique voulait que lady Murdaunt fût encore plus atteinte et souffrante que sa fille du mystérieux mal qui leur assignait S… comme ville de guérison ; elle était si frêle et si pâle, cette lady Mordaunt ; si étrange était surtout l’expression de ses larges prunelles, de ses grands yeux noyés et comme hagards. On avait d’ailleurs remarqué qu’elle n’allait jamais du côté de la mer ; toutes leurs promenades à trois, le père, la mère et l’enfant, étaient toujours dirigées