Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rière nous et il fallait bien épater la province et soutenir sa réputation de Parisien fin de siècle ! ! ! faire son Gaudissart en mauvais mots de la fin, continuer sur une tombe son stupide métier de commis voyageur.

À la porte du cimetière, une autre surprise. La portière d’un coupé s’ouvre bruyamment, et Madame ***, une parente de Jacques, jolie femme, dans la trentaine, qui a été, je crois, plus ou moins sa maîtresse, me tombe entre les bras avec des sanglots étouffés et toute une jolie douleur de théâtre qui sied on ne peut mieux à sa rose fraicheur de blonde et à son élégant deuil de veuve.

— « Quelle catastrophe, mon ami. (Elle m’appelle son ami et, si elle m’a vu deux fois dans toute sa vie, c’est tout le bout du monde !) Certes, je le savais malade, mais pouvais-je prévoir… je suis arrivée de Rouen ce matin même : je n’ai reçu le télégramme qu’hier dans la journée et j’avais vingt-cinq personnes à diner le soir, impossible de décommander mon monde : un dîner officiel ! Après la soirée, j’avais la tête perdue. J’étais comme une actrice qui vient de perdre sa mère.