Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/287

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment avant lui il y en a eu d’autres ; celui-là, c’est l’homme aimé. Or, qui dit homme aimé dans la vie d’une femme indique assez…

— Ah… alors ?

— Mais, comment voudrais-tu donc qu’elle vive ? Ou prendrait-elle l’argent des charges qui lui incombent et de l’entretien de son luxe ! Si sa peinture et ses leçons lui rapportent neuf à dix mille francs par an, c’est tout le bout du monde. Je puis en parler moi qui suis du bâtiment. Or, je lui sais déjà, avenue de Villiers, un loyer de cinq mille. Sais-tu, toi, ce que coûte une robe comme celle qu’elle porte ce soir, vingt-cinq louis, le manteau cinquante. Mais d’où sors-tu donc ? mon pauvre ami, ces deux ans de province t’ont vraiment bien change et tu as bien besoin d’un cornac à travers la lutte parisienne. Une lionne pauvre, qui, pour conserver l’éclat de sa robe fauve, a besoin de dévorer un monsieur par hiver, voilà la jolie Mme Arnheim, pas plus coupable qu’une autre, même moins coupable qu’on ne le croit, en somme. Moi, je l’absous et des deux mains, mal élevée, mal ma-