Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/290

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ont pu faire autrefois partie, soigneusement tenus à distance par les artistes qui les renient, ils forment une bande à part, un monde de parias élégant, besogneux, avide de paraitre, affolé de réclame, enfiévré de plaisirs, de réceptions et de fêtes, envieux comme la misère, rancunier comme l’envie, méchant comme la rancune, dangereux comme pas un, quelquefois spirituel, très souvent amusant, au fond vide et triste comme l’ennui.

Ce monde-là a pourtant sa place à Paris, il y a ses alliances et ses influences, il y a ses salons, le salon des Refusés, pour ne citer que celui de Mme Armadzi, ses journaux attitrés qui rendent compte de ses fêtes. Le Beaumarchais dans ses échos lui fait une large part. Les noms des femmes et des hommes, que tu vois étalés la plupart du temps bien en vedette en première page dans les carnets mondains des journaux, la jolie Mme A…, le spirituel de B…, l’irrésistible Juan, toutes pelures que cela. Le gros public qui lit n’en sait rien, mais nous sommes dans Paris cinq ou six cents Parisiens qui n’avons plus la force d’en rire. La jolie Mme A… a cinquante-cinq ans, la taille comme un