Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/293

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et dès les lustres allumés, frisés au petit fer, en culotte courte, le mollet cambré, le torse moulé dans l’habit quelquefois de couleur, ils poitrinent, paonnent et influencent la phâme plutôt riche que jeune et plus généreuse que jolie qui leur payera la différence. Palferines au petit pied, Luciens de Rubempré, en quête d’une Esther et même d’un Vautrin qui serait bien reçu, c’est la grotte sous-marine, le fond de bain des pelures. De temps à autre, on les épouse, et ils deviennent les maris de ces dames : c’est l’union légitime de deux prostitutions. Parfois un rastaquouère, un nabab d’Haïti, une charcutière milliardaire de Chicago ou un fourreur richissime de Moscou vient tomber au milieu de la bande, ou comme tu peux le penser, la pauvre âme est happée, accueillie et pillée, volée comme au coin d’un bois, puis la bonne dame ou le pauvre homme ahuri, ravi et mis à sec, sont réexpédies en leurs lointains Pondichéry, intimement convaincus qu’ils ont mené la haute vie parisienne.

D’ailleurs les pelures ont cela pour elles qu’elles forment une association de secours mutuel véri-