Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/56

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la santé si atteinte de la pauvre femme ; mon père en revanche apportait ce dernier racontar : un étranger de mise cossue, mais d’allures assez équivoques, descendu au Grand-Cerf quelques semaines avant le jour de l’enlèvement, et qu’on aurait vu rôder autour de Sonyeuse et, indice aggravant, causer avec Bellah, la femme de chambre disparue avec la petite Hélène.

— Et ce serait… ? interrogeait le docteur.

— Mais l’Autre… le père… revenu reconquérir son enfant…

— Et tuer du même coup l’épouse et la mère ! « Oui, voilà en effet qui concorderait assez bien avec les réticences échappées à ce lord Mordaunt ! Mais saura-t-on jamais le fin mot de toute cette énigme avec des êtres aussi cadenassés et barrés de silence que ces Anglais de Sonyeuse. En attendant, lady Mordaunt est tout bonnement en train de devenir folle. Étrange histoire que tout ceci. Mais, voyons un peu comment va gamin ! »

Lambrunet s’était levé, ma mère derrière lui soutenant des deux mains la lourde lampe ; je m’allongeai, tout moite, entre mes draps, aban-