Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/57

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donnant mon pouls aux doigts tâtonnants du docteur. Mon trouble avait-il éclairé Lambrunet ? avait-il deviné à quel point cette affreuse aventure avait bouleversé tout mon frêle organisme de convalescent ? la vérité est qu’il me trouvait ce soir-là plus agité, avec recrudescence de fièvre ; il ne m’en tapotait pas moins les joues de sa main caressante, mais échangeait avec ma mère un regard significatif dont je ne compris l’importance que le lendemain soir.

Le lendemain soir, en effet, après toute une journée passée à dévorer mon impatience sans avoir adressé une seule question à ma mère, de peur de mettre sa perspicacité en éveil, quand, déjà annoncé par son trépidant coup de sonnette de la porte, le docteur Lambrunet pénétrait dans ma chambre, il allait droit à mon lit sans crainte de m’éveiller, cette fois, et, mon pouls tâté, ma langue examinée, il s’asseyait auprès de ma mère et causait avec elle indifféremment de choses et autres. De Sonyeuse et de lady Mordaunt, il n’était plus question. Là-dessus, mon père arrivait, prenait la conversation où il la trouvait, et, à