Page:Lorrain - Buveurs d’âmes, 1893.djvu/14

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connaissant de m’avoir sarclé mon champ d’illusions ; elle a été la bonne cueilleuse de mauvaises herbes et de folles-avoines. Ah ! tu crois que je désire la revoir ! Oui, à peu près comme le mouton échappé de l’abattoir désire revoir le boucher !

J’avais perdu mon temps, je prenais mon haut de forme luisant, posé au hasard sur un meuble :

— Allons, décidément, je suis mal tombé.

— Pourquoi, que veux-tu dire ?

— Après tout, jouons cartes sur table. Rien, si ce n’est que Ealsie est depuis hier de retour à Paris.

Serge s’était levé tout d’une pièce, avec une grande pâleur subitement répandue sur la face.

— Ealsie… ici…, à Paris depuis hier ; — et sa voix rauque s’étranglait dans sa gorge, tandis que ses deux yeux s’arrondissaient effarés, — alors elle n’est plus à Rouen, elle a lâché le capitaine.

— Apparemment. Arrivée hier, sa première visite a été pour moi. Désires-tu savoir ce qu’elle est venue me demander ?

— Non. Elle est descendue ?…

— Au Grand-Hôtel, mais si tu as la moindre