Page:Lorrain - Buveurs d’âmes, 1893.djvu/188

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quelques mots échappés à ces hommes, nous avions deviné qu’il s’agissait de la dévote de Notre-Dame.

En arrivant rue Galande, devant le fameux cabaret, nous nous heurtions à un fiacre où montait, enveloppé de fourrures, le melon-cape rabattu sur les yeux, un richissime excentrique de la colonie américaine, figure très connue des premières et du boulevard ; à la vue de deux chapeaux hauts de forme, les nôtres, M. X… se rejetait vivement dans le fond de la voiture. Un grand voyou, cotte de velours et veste bleue, la Desfoux plaquée sur les tempes, lui parlait accoudé à la glace baissée de la portière. « — Monsieur peut y aller, traînassait-il d’une voix canaille, all’vous attend hôtel Colbert, numéro dix, au premier, y a un bon feu et all’ ne rechignera pas, all’ est dressée. D’abord si a faisait des manières, mon prince n’a qu’à le dire, Drien s’en charge. Ah ! j’en ai eu du mal à la décider, all’ s’était carrée, Madame f’sait du renaud, une taffeuse, quoi ! et ça a peur de quoi, j’ vous le demande, mon prince n’ lui veut pas d’ mal ; n’importe, j’en ai fait du chemin pour mettre la main dessus ! Ça vaut bien deux thunes, monseigneur. » La main pâle