Page:Lorrain - Buveurs d’âmes, 1893.djvu/189

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de l’Américain allongeait une pièce d’or dans la patte de Drien, et le fiacre détalait en cahotant.

Adrien, lui, glissait le demi-louis dans son gousset et, d’un coup de pouce préalablement mouillé ramenant ses cheveux en avant sur ses joues, montrait enfin sa face effrontée de marlou.

— Tiens, Adrien ! faisais-je en le reconnaissant.

— Tiens, monsieur Jean ! ripostait la fripouille en se mettant au port d’arme avec une vague esquisse de salut militaire, nous vadrouillons donc ce soir ? Puis, clignant de l’œil du côté du fiacre : Un client, et un vrai, et un chouette, vous le connaissez ?

— Parbleu !

— Oui, c’est un de la haute, hein ? et de la galette ? Y s’appelle ?

— Tu plaisantes, mon garçon, pour que tu lui fasses un bon chantage.

— Et qu’est-ce qu’il vient faire ici, ton client ?

— C’ qu’y vient faire, pardi ! on a ses petites passions dans la haute comme dans la basse, dans la haute surtout, et j’ vous présente le fournisseur en titre de monsieur.

— Ah ! ah ! eh bien, entre avec nous boire un verre, tu nous raconteras ça.