Page:Lorrain - Buveurs d’âmes, 1893.djvu/202

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et du pressenti qui nous entoure et toujours nous échappe… ! mais ces frissons d’âme, ces frôlements du monde invisible, quelle littérature nous les rendra tangibles… Oh ! savoir ce qu’il y avait avant, ce qu’il y a au-delà. »

« Ça vous étonne, ce que je vous dis là… Ah ! oui, parce que je suis un qui fait la noce et qui traîne, la nuit, les bastringues, vous vous étiez imaginé… Écoutez, vous, je sais que vous ne m’aimez guère (et à un mouvement de protestation) et c’est tout naturel.

« Avec la littérature que vous faites et le tempérament que je vous crois, vous devez trouver odieux le gâcheur de copie et le loupeur de restaurants de filles qu’on voit surtout en moi… Et puis je trompe ma femme et publiquement avec des drôlesses, et quelles espèces, hein ! Et une petite femme intéressante, navrante, malade, qui m’adore et que vous devez aimer, vous, car Madame Saintis est bien un modèle de femme à vous captiver, vous, l’homme à la fois sensible et froid… Mais moi aussi, j’adore ma femme, je l’adore, vous m’entendez, et la preuve, c’est que je l’ai épousée par amour, sans un sou de dot, malgré l’opposition de tous les miens et que je sue des trois et quatre articles par