Page:Lorrain - Buveurs d’âmes, 1893.djvu/258

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Et qui s’en vont avec des voix,
Ohé, adieu ! au fond des bois !

Au bois, au fond des bois enfin,
Il est, quand on a soif et faim,
Et que l’âme triste est bien lasse,

Il est quelqu’un de méchant qui vous chasse.

Et la voix un peu rauque, mais prenante pourtant, s’éteint dans le lointain ; les faucheurs ont passé.

Au bois est un cadran, fillette,
Qui sonne l’heure du désir !

La robe mauve s’est inconsciemment arrêtée ; les bras ballants, elle a lâché le pan de sa jupe mince et molle et les iris rares, les roses jaunes, les œillets jaspés, toute l’odorante et merveilleuse gerbe jonche maintenant le clair parquet.

— Est-ce que Pierre a attelé ? demande-t-elle enfin à la femme de chambre.

— Attelé ! mais mademoiselle n’y songe pas, il est parti depuis une heure ; monsieur sera là dans vingt minutes.

— Ah !

Et silencieusement, avec ses mêmes lenteurs et ses mêmes gestes calmes, la robe mauve ramasse les précieux iris, les fastueuses roses jaunes, les beaux œillets de luxe.