Page:Lorrain - Sensations et Souvenirs, 1895.djvu/122

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minces sourires froids, et ses obsessions morbides de misérable, dont le raisonnement sombre et que le surnaturel va ensorceler.

Là-bas devant vos yeux hallucinés par l’ombre
Dans la haute fenêtre, où chuchote le vent,
Une forme s’ébauche inerte et se mouvant
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Ayant sûrement vu quelque monstrueux drame,
Mainte agonie et maint ensevelissement
Les murs — vous semble-t-il — vivent en ce moment
Des rampements de spectre et des frôlements d’âme.

Des rampements de spectre et des frôlements d’âme ! Eh bien ! cette nuit de fièvre et d’épouvante, moi, qui ne suis ni superstitieux ni nerveux, je l’ai vécue dans des circonstances si étranges qu’il faut ma foi, que je vous la raconte. Les vers de ce diable de Rollinat m’en ont singulièrement rajeuni l’impression, et puis, comme vous êtes tous aujourd’hui plus ou moins collaborateurs dans les feuilles, n’est-ce pas une aubaine qu’un récit de cette sorte ?

— Hé, gare à la neuvième ! objectait le petit André Frary en train de se confectionner un soda.

— La neuvième ! je défie bien tous les Cabat du monde de trouver cette fois dans ma prose un iota… C’était il y a quatre ans ; à cette époque de l’année, je m’étais rendu à l’invitation d’un ami de province marié depuis peu et qui offrait en l’honneur de sa jeune femme un grand bal costumé à la société de sa ville. J’étais descendu chez lui, appelé