échauffer une pareille chambre, et je dois avouer que, dans le désarroi de leur maison au pillage, mes hôtes avaient complètement oublié d’y faire allumer du feu.
Ils y songeaient d’ailleurs, mais un peu tard, à la fin du dîner, à l’annonce faite par un des domestiques qu’il neigeait à gros flocons et que tout dehors était déjà blanc.
Ah mon Dieu ! et mon bal, soupirait la jeune femme, nous n’aurons personne s’il fait ce temps-là ! — Et la chambre d’Edouard, s’écriait tout à coup mon ami, tu vas geler, pauvre vieux, on n’a même pas songé à faire du feu dans sa chambre, c’est ridicule, cela, vois-tu ! Ce bal nous fait perdre la tête, vite du feu dans la chambre de monsieur ! A quoi le domestique observait avec raison que jamais feu de bois allumé à pareille heure n’échaufferait semblable chambre et qu’il serait plus simple d’y installer un des chouberski, car il y en avait des chouberski dans cette maison, cinq ou six au moins dans les salons du rez-de-chaussée, et en grande marche, en prévision de la fameuse soirée.
On traînait donc un des chouberski dans ma chambre avec expresse recommandation de l’enlever au moment ou je monterais coucher.
A dix heures, j’avais pris congé de mes hôtes, et, reconduit par un domestique, un bougeoir à la main, par les interminables corridors d’une maison déserte, j’étais solidement verrouillé dans ma glacière…