Page:Loth - Mabinogion, tome 1.djvu/170

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charme et de l’enchantement. Je t’ai révélé qui elle était ; lâche-la maintenant. » ― « Je ne le ferai point, par moi et Dieu. » ― « Que veux-tu donc ? » ― « Voici ce que je veux : qu’il n’y ait jamais d’enchantement, et qu’on ne puisse jeter de charme sur Dyvet. » ― « Je l’accorde ; lâche-la. » ― « Je n’en ferai rien par ma foi. » ― « Que veux-tu donc encore ? » ― « Qu’on ne tire jamais vengeance de ceci sur Pryderi, Riannon et moi. » ― « Tout cela, tu l’auras, et tu as été vraiment bien inspiré ; sans cela, tous les malheurs retombaient sur toi. » ― « Oui, et c’est pour l’éviter que j’ai ainsi précisé. » ― « Mets ma femme en liberté maintenant. » ― « Je ne la délivrerai pas, par moi et Dieu, avant d’avoir vu Pryderi et Riannon libres ici avec moi. » ― « Les voici qui viennent. » À ce moment parurent Pryderi et Riannon.

Manawyddan alla à leur rencontre, les salua, et ils s’assirent ensemble. « Seigneur, » dit l’évêque, « délivre maintenant ma femme ; n’as-tu pas eu tout ce que tu as indiqué ? » ― « Avec plaisir. » Et il la mit en liberté. L’évêque la frappa de sa baguette enchantée, et elle redevint une jeune femme, la plus belle qu’on eût jamais vue. « Regarde le pays autour de toi, » dit-il, « et tu verras les maisons et les habitations en aussi bon état que jamais. » Il se leva et regarda. Tout le pays était habité, pourvu de ses troupeaux[1] et de tou-

  1. Le mot gallois alavoed, pluriel de alav n’a, dans les dictionaires, que le sens de richesses ; son sens propre est troupeaux. Alanot dans le L. Rouge a pour correspondant dans Pen. 4 Alavoed (v. t. II, p. 185 note à 205, l. 9), pl. de alav, bétail. Pour l’équivalence de richesses et troupeaux, voir plus loin, p. 260, note 1.