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que vague influence de la culture plus raffinée des Français introduite en Angleterre par des compagnons de Guillaume et leurs descendants. C’est une hypothèse dénuée de tout fondement. La littérature française du xie et du commencement du xiie siècle ne nous offre rien qui ait pu, avec quelque vraisemblance, inspirer ou influencer les auteurs de nos romans. L’art incontestable qui s’y montre est tout aussi indigène que celui des poètes lyriques gallois, si parfaitement national et si raffiné ; or, ce sont sûrement des bardes ou des lettrés appartenant à la même école littéraire qui ont mis ces traditions par écrit[1].

Les trois romans d’Owen et Lunet, Peredur ab Evrawe, Gereint et Enid, nous transportent dans un monde différent : mœurs, culture, civilisation matérielle, armement, tout y porte la marque de la civilisation française du xiie siècle. Ces trois romans sont très près des romans français : Le chevalier au Lion[2], Erec et Enide, Le conte du Graal[3], œuvres de Chrétien de

  1. Les artistes, parmi lesquels au premier rang les bardes, sont mis sur le même pied que les fils de roi, dans Kulhweh (V. plus bas, trad.). Les bardes du Glamorgan paraissent aussi avoir été particulièrement appréciés. (Ibid. Math.)
  2. Le meilleure édition du Chevalier au Lion et d’Erec et Enide, est celle de M. Foerster, tomes 2 et 3 de son édition compléte des œuvres de Chrétien : Der Lôwenritter (Yvain) von Chrétien von Troyes, herausgegeben von Wendelin Foerster, Halle, 1887. Erec und Enide, Halle, 1890, 2e éd. en 1909.
  3. Perceval le Gallois (Le conte del Graal), édition Potvin, Mans, 1866-1871, 6 volumes : Pertevaux, roman en prose, forme le tome premier. Cf. Le saint Graal, éd. Hucher. Le Mans, 3 vol., 1875-1878.